Il est 23 heures. Je le surprends au téléphone. Avec elle.
Et là, tout s’écroule.
Il déballe tout : quelque chose s’est cassé dans notre couple il y a longtemps. Ses sentiments pour moi ne sont plus les mêmes qu'avant. Il n’a jamais réussi à recoller les morceaux. Et puis elle est arrivée dans sa vie. Il s’entend tellement bien avec elle. Il a des sentiments pour elle mais est-ce que ce n'est pas un « coup de sang » ou le démon de midi qui se réveille.
Il ne sait pas.
Il part en Allemagne pendant une semaine pour son boulot. Ça va lui permettre de réfléchir.
Mais réfléchir à quoi ? A l’issue de notre couple ? A ce qu’il envisage avec elle ?
La vie n’est pas juste.
La vie à deux n’a pas toujours été facile. J’ai supporté des choses que peu de femmes auraient supportées. Je suis toujours restée. En gérant tout dans la maison, j'ai fait en sorte qu'il puisse se consacrer à sa création d’entreprise, à ce qu’il puisse être disponible et qu’il ait du temps. Je me suis occupée des enfants, de la maison, du jardin… de tout !
Pour quel résultat ? Pour qu’au final il craque pour sa jeune assistante de 30 ans…
Il balaie 22 ans de vie commune pour une fille qu’il connait depuis 2 mois seulement.
Est-ce qu’après tant d’années, l’amour peut être encore passionnel, encore si fort qu’on n’a jamais aucun doute sur son couple.
Je ne sais pas.
Je ne sais plus. Il est en Allemagne pour la semaine. Je suis comme en sursis. Quelques jours de répit avant de sombrer à nouveau.
Toutes mes larmes ne résoudront rien.
Il faut que je sois forte, courageuse. Alors que c’est moi qui devrait être le pilier de la famille, ce sont mes enfants qui me portent à bout de bras. Ils ont besoin de moi, autant que j’ai besoin d’eux. J’ai l’impression de n’avoir plus qu’eux.
Je suis bien entourée c’est vrai. Par ma famille, mes amis, même par sa famille à lui.
Pourtant, je me sens seule. J’ai envie de me blottir contre ce corps que j’ai négligé ces derniers mois et qui aujourd’hui s’éloigne.
Ou peut-être est-ce lui qui m’a oubliée peu à peu.
Qui est responsable de ces sentiments usés par les années et par les crises que nous avons traversées.
Je l’aime.
Je n’y peux rien.
On me dit que je vais rebondir, que je vais m’en sortir.
Peut-être...
Je suis à moins de 2 heures de son retour…
Je suis dans un état de stress comme jamais. Je n’ai plus beaucoup d’espoir.
Depuis que nous sommes ensemble, soit 22 ans, c 'est la première fois que nous restons si longtemps sans se donner de nouvelles. 5 jours sans entendre sa voix.
Il a dit qu’il avait besoin d’air, j’ai respecté sa volonté. Je n’ai pas appelé. Pas écrit.
J’ai relu tous ses messages. J’ai repassé chacune de ses paroles dans ma tête. Je n’ai plus d’espoir.
Je sais comment ça va se passer : il va arriver, embrasser les enfants mais pas moi. Il va leur raconter qu’il a vu plein de choses intéressantes pendant son séjour… et puis les enfants vont aller se coucher et nous allons parler.
C'est exactement de cette façon que les choses se sont passées.
Il est entré.
Je l'ai regardé.
Il m'a dit "bonsoir" sans m'embrasser.
Et là, il n'a pas eu besoin de parler, j'ai compris que c'était fini.
Les jours qui ont suivi ont été horribles.
Il passait ses journées avec elle, puis il rentrait la maison.
Ce n'était pas possible pour moi, trop insupportable. Pour éviter que la situation ne s'envenime, je lui ai demandé de partir vivre ailleurs. La maison n'est pas un hôtel. Je ne suis pas sa colocataire.
Qu'est-ce qui est le plus difficile ?
Ne pas savoir où il est ? Ce qu'il fait ? Avec qui ?
Ou vivre à côté de lui alors que dans sa tête il est déjà très loin.
Il culpabilise. Il est triste pour moi. Il ne voulait pas ça. Il est désolé. Combien de fois ai-je entendu cette phrase "je suis désolée".
Et moi, je réponds, tantôt agressive, tantôt désespérérée.
J'ai suis partie de chez mes parents pour m'installer avec lui. J'ai grandi avec lui. Jamais je n'ai vécu seule. J'ai passé la moitié de ma vie près de lui. Comme je vais faire maintenant ?
Maintenant, je veux que tout se passe vite, que tout se règle au mieux et surtout pas au détriment des enfants.
Je vais apprendre à vivre sans lui. Je n'ai pas le choix.